Roman Maillage Exquis

Chapitre 7 – Les parallèles

Je me suis laissé prendre dans le piège d’une discussion. Malgré moi, je pose les questions qui te giclent sur une toile de transparence. Je capte chacune de tes teintes pour mieux pouvoir te les faire voir l’instant d’après, dans un optique différent. Ta proximité me fait sans cesse tergiverser dans des scènes légères ou j’ose m’avancer pour savourer le feu d’artifice d’un baiser.

Le parfum qui émane de toi me désarçonne sans relâche. Je suis la cavalière de notre échange. Tu es l’étalon de nos spéculations. Nous offrons le spectacle d’une escapade en liberté dans le champ luxuriant de la créativité.

L’heure avance et je sais que bientôt je devrais te quitter. De désinvoltures en dérisions, j’essaie maladroitement de te cacher la pluie de mes prunelles. Les minutes filent sur le rouet du temps mais, je ne peux me résoudre à partir sans m’abreuver, ne serait-ce qu’une fois, du contact réel de ton corps.

Mes mains te souhaitent si véhément que j’abdique et te demande l’offrande de ton poignet. Tu consens à peine à me l’offrir, préméditant sans doute plus qu’une noble intention.

Durant quelques secondes, je prends ton pouls pour m’y accorder en diapason. Bien que d’apparence futile, l’exercice me permet de prendre contact avec l’une de tes cadences vitales.

Ton tambourinement m’apparaît lent et régulier. Profites-en bien, ai-je envie de te dire, puisqu’endiabler le sang de tes veines sera désormais ma quête. La frénésie de tes rythmes sur le tambour de ma peau n’est-ce pas la l’idée d’une musique digne des plus grands sorciers ?

Tu m’accompagnes dans les derniers instants. Je tremble et tu crois que c’est de froid. Je cherche vainement les mots qui sauront te retenir encore un peu. Je ne les trouve pas. Les dernières phrases nous détachent pour mieux nous ramener dans nos univers parallèles. Tu me montres ton dos qui me rappelle un certain songe.

Étais-ce bien toi ou l’esquisse d’une présomption de ta présence ? Je te regarde partir, espérant que tu reviendras sur tes pas pour me prendre le visage dans tes mains et déposer sur mon front un tendre adieu. Mais tu ne te retournes pas. Je nous quitte aussi, l’esprit fusillé par une armée de questionnement.

1 réflexion au sujet de “Chapitre 7 – Les parallèles”

  1. La séparation même temporaire d'avec l'être aimé fait glisser sous tes doigts des images exquises. Quel don de pouvoir ainsi s'approcher au plus près du puits d'émotions bruissantes de ton être richissime.Comme est magnifique "la pluie de mes prunelles"! Tu me renverses à chaque lecture comme un piéton imprudent qui se serait risqué sur une voie rapide de l'amour. Même pas de terre-plain pour me réfugier mais un essaim de bolides poétiques sublimes qui me soulèvent presque dans leur sillage.«Les dernières phrases nous détachent pour mieux nous ramener dans nos univers parallèles.» Comme je vois la justesse de cette vision réaliste du monde. Enfin, je la soupçonne ! Ta dernière image est tellement dramatique…Comment en effet quitter son amoureuse sans lui donner une dernière preuve ardente de notre amour ?Bravo @idéesinvitro ! Tes écrits constituent ma lecture ressourcement de la journée.

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